CONCERTO POUR CLARINETTE & MACHINE MUSICALE


Auditorium Jean-Pierre-Miquel (Vincennes), le 20 mai 2006
texte: Raphaël Decurninge

Pour être originale, la soirée fut originale... Surprise à l'arrivée dans l'auditorium Jean-Pierre Miquel qui est superbe (et qui tranche avec l'extérieur du bâtiment en béton plutôt quelconque) : la salle est magnifique, toute en bois, avec des gradins aux sièges très moelleux qui descendent jusqu'à la scène. Nous sommes venus à Vincennes assister à un concert de musique expérimentale donné par le clarinettiste Louis Sclavis.

La machine est là, posée au milieu de la scène, baignée par la lumière. On ne peut pas encore parler d'un instrument : elle ne ressemble à rien. On dirait un vague portique de balançoire en bois supportant des objets pour pla plupart en bois eux aussi : une roue à aube ? un tambour de machine à laver ? des soufflets pour gonfler un matelas pneumatique ?

Louis Sclavis fait son entrée par une porte fondue dans les murs et s'installe devant “l'engin” qu'il a imaginé avec Claudine Brahem . Il est accompagné par un homme qui s'assied devant une table de mixage et des ordinateurs.

Les premières “notes” [devrais-je dire les premiers sons] sortent de cet bête en bois. J'ai peur : ça ne ressemble à rien, surtout pas à de la musique, et encore moins au type de musique que j'apprécie habituellement, et je me demande alors pourquoi j'ai eu l'idée de prendre des tickets pour venir ecouter “ça”...

Sclavis dégaêne sa clarinette. Les ordinateurs de son acolyte font le reste et la magie opère ! A eux deux, ils semblent donner vie sous nos yeux ébahis à la bande-son d'un film qui nous transporte en Orient, qu'on le qualifie de “proche” ou de “moyen”. Les paysages défilent : on imagine les dunes de sable d'un désert, les minarets d'où s'échappent les appels à la prière d'un muezzin... On s'invente des paysages grandioses, des immensités que rien n'arrêtent... Bref, on rêve et on applaudit en se demandant comment avec une clarinette, un sax et cette “machine” on arrive à créer des musiques aussi belles...

Sclavis a tenté une explication : “J'ai entrepris avec Claudine Brahem, à partir d'une machine qu'elle a conçue, une forme de concerto pour clarinette et “bruits” oû je joue en même temps de la clarinette et de la machine... Les sons naissent du geste, de l'effort physique pour activer les mécanismes, puis des mouvements des différents éléments parfois maîtrisables, parfois aléatoires...
Le concerto doit évoluer avec les représentations, garder l'idée du risque et de l'inconnu, utiliser une part d'improvisation afin de conserver l'aspect ludique de la machine, centre de l'oeuvre.”


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